Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 3 mars 2018

L'AMBIGUÏTÉ DU PLURIEL


Poursuivant la lecture de Michel de Certeau. L’embarras éprouvé face aux « poétiques sociales » (La Culture au pluriel, Seuil, 1993 [1974], p. 29) ; certes le pluriel de la culture, contre la mise en périphérie d’opérations, de manières de faire, de procédures ordinaires, qui ne correspondent pas à l’acception étroite, sinon élitaire, des productions de l’esprit (philosophie, sciences, arts, littérature) ; mais l’ambiguïté même des « champs de création » (p. 216) dans lesquels l’auteur range logement, habillement, bricolage, cuisine, « les mille activités urbaines ou rurales, familiales ou amicales, les formes multiples du travail professionnel » au point qu’à ses yeux « le quotidien est parsemé de merveilles » (p. 216). Cette ambiguïté se décline sur le paradigme de l’ingéniosité et de la ruse : créativité et inventivité.