Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 15 octobre 2017

THÉORIE/SCIENCE


À relire Benveniste et ses « problèmes » pour la nième fois, ce couple science / théorie qui m’avait déjà arrêté, la circulation critique de ces deux termes qui ne sont pas sur le même plan : implication n’est pas équivalence. Il me revient à cet endroit cette déclaration d’Antoine Culioli selon laquelle Benveniste n’emploie pas l’expression « théorie du langage », alors qu’elle apparaît dans le troisième paragraphe de l’avant-propos. Rigueur superbe de la lecture, pour qui s’en réclame au nom d’une pensée de l’énonciation. Les premiers chapitres à vocation introductive et épistémologique pointent « science du langage et science des langues » puis « la linguistique est d’abord théorie des langues » (p. 19) ; ou encore « une théorie de la langue comme système de signes » (p. 20) et plus loin « une véritable science de la culture qui fondera la théorie des activités symboliques de l’homme » (p. 30), programmation du rapport sémiologie-culturologie. Au moment d’aborder le drame de Saussure : la « théorie générale » et la « science du langage » (p. 32), « la théorie linguistique » (p. 34), « la refonte complète de la théorie » (p. 39), « la théorie du langage » (p. 41), etc. Autant de marquages à clarifier.