Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 15 octobre 2017

LES IMAGES PENSIVES


On peut hésiter par surcharge romantique du mot, ou par crainte de s’en tenir à quelque spécularité. Mais l’image pensive du cinéma serait de celles qui font penser en faisant voir autrement. Elle serait le contraire de l’image spectaculaire (qui séduit et enivre indéniablement) ou de l’image narrative (qui est résolument ennuyeuse, on s’en lasse vite lorsqu’un film lui doit exclusivement). L’image pensive s’éprouverait par sa capacité à donner du temps au temps de l’image. Elle concentrerait une attitude, là où se signalerait le plus l’artiste, fût-il collectif. Non par qualité photographique uniquement. L’image pensive serait le temps immodéré, exhibé, excessif (et cet excès peut l’être par discrétion – les modalités en sont ouvertes) de la pâte, le caractère manuel du shooting. Et cela advient à part égale par la lumière, le couple son/vision, le plan, le détail, etc. Les images pensives seraient les instants de trouvaille – là où le film devient œuvre, le point de bascule.