Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 15 mars 2017

CE MOT SIMPLE : PAROLE


En relisant Le Théâtre des paroles de Valère Novarina. La résistance de cette notion de « parole » qui n’a eu de cesse de migrer, déborder, raciner en dépit des conceptualisations de la linguistique moderne. Humboldt. Instabilité de Saussure. Voisinage avec discours bien sûr. L’excroissante existence des repères. Au hasard : le double état de la parole (Mallarmé), des romances sans paroles (Verlaine), les actes sans paroles (Beckett) ; de la Parole et des paroles, singulier-pluriel, majuscule-minuscule chez Péguy ; les nœuds parole-langue ; parole-mot(s) ; paroles-phrases. Le vis-à-vis du parler-dire ou du parler-nommer. Et puis : parole écrite / parole parlée. La proximité voix-parole. Linguistique de la parole. Poétique de la parole – est-ce que ça existe ? Tout un chantier à revoir sur la base d’un mot labile, instable, polysémique, glissant.

SYNTHÈSE ET CONSCIENCE

Au chapitre « Intellectuels mondialisés », appellation sans doute à intégrer dans le paradigme discontinu-pluriel de l’intellectuel – total, spécifique, critique, médiatique, etc. If I may, au risque de couper sur les présupposés et l’ensemble de la démonstration, je cite en intégralité Claire Joubert dans son blog Ce que fait un angliciste (http://journaldetravail2008.blogspot.ca, post du 12.03.2017) :
« 3. devenir des intellectuels de générations et blocs existants, qui doivent se repositionner, où se voient repositionnés par the shifting ground. Universitaires ici, des champs déchus par la surpuissance de l'économie (voir laquelle, et voir la participation d'universitaires et de chercheurs publics en elle). Leur activité se mesure aux résistances, et aux réinventions critiques. Repensées de l'articulation, justement, et de la morsure, de la pensée sur l'état de la domination. Et envisagement (il s'agit de la double face : analyse des nouveaux termes du pouvoir et de l'aliénation -- il y faut un travail, un effort d'imagination historique et théorique considérable -- et dégagement des praxis qui y répondent) des modes de la critique. Où faire porter. Comment. Judo. »
Parce que ces quelques phrases résument à merveille, je trouve, la complexité de la situation et la conscience-distance face à cette complexité – en plus des trois termes essentiels soulignés – résistance, réinventions critiques, analyse ; le plus souvent manquants dans l’ordinaire des pratiques. En effet, ça demande « un effort d’imagination historique et théorique considérable » ; very few people l’ont et la mettent en œuvre. J’ajoute concernant les « champs déchus par la superpuissance de l’économie », que celui des scholars, universitaires, intellectuels, a été aussi longtemps dominé et continue de l’être par la sphère du politique – d’où des rencontres, des conjonctions, des hybridités entre les deux trop souvent ambiguës, louches, pleines de compromissions. L’économique dans la relocalisation mondialisée de la parole intellectuelle est un décalage supplémentaire, d’une autre nature. D’où peut-être le sentiment généralisé de dépossession et de marginalisation accrue aujourd’hui.

lundi 13 mars 2017

DEHORS DU STYLE...


À lire : le compte rendu critique par Éric Bordas dans La Vie des idées du 10 mars 2017, du livre de Marielle Macé, Styles. Critique de nos formes de vie (http://www.laviedesidees.fr/S-engager-avec-style.html). Ou comment la notion de « style » se trouve pleinement soustraite au champ de la langue et partant de la discursivité au profit d’une « stylistique de l’existence » réglée sur les philosophies de Foucault et Agamben. Ce qui est d’abord « une proposition de langage », reversée aux « pratiques de vie » sur la base d’un référent « incertain et rétif à toute théorisation », n’en appelle pas moins une certaine approche de l’individuation et du collectif   avec  quelles conséquences et quels risques...